Introduction
Mon nom est Denise Larivière, je suis née à Montréal le 15 septembre
1956. Je vie avec la paralysie cérébrale depuis ma naissance. Cette atteinte au
cerveau dû à un manque d’oxygène au moment de ma naissance se manifeste par
plusieurs incapacités motrices. Si ces incapacités motrices me limitent
considérablement dans mes mouvements, au point de vu intellectuel c’est toute autre
chose. On m’a toujours dit que j’étais
intelligente et je l’ai constaté par moi-même que je possède une bonne capacité
d’apprendre.
J’écris cette courte autobiographie, premièrement pour mettre de l’ordre
dans des écris antérieurs et pour témoigner que même avec un lourd handicap on
peut devenir une personne de bon sens.
J’ai toujours cherché à occuper mes journées par diverses activités
manuelles et intellectuelles. Ces activités ont favorisé ma curiosité, mon
esprit d’autodidacte et mon épanouissement C’est en m’intéressant à de nombreux
champs d’intérêt que j’ai réussi à m’épanouir en tant que personne humaine.
Mon père
Né à Montréal en 1923 mon père, Roland, a grandi au coin des rues
Lafontaine et Viau. À l’époque, on appelait ce quartier de la ville Viauville,
nommé en souvenir de Charles Théodore Viau bienfaiteur de la paroisse
Saint-Clément et fondateur de la biscuiterie Viau. Cette ville n’a jamais
obtenu le statut de municipalité et fut incorporée à la ville de Maisonneuve.
Elle est ensuite devenue un ancien quartier de la ville de Montréal.
Il a exercé le métier d’horloger bijoutier. Il a tenu une bijouterie au coin des rues Craig et St-Laurent. Le magasin que papa louait fut exproprié pour la construction du palais de justice de Montréal actuel, mis en chantier en 1965. Après un certain temps, il trouva un emploi dans une bijouterie tenue par un monsieur Maurisson.
Ma mère
Ma mère, Gabrielle Théorêt est née et a grandi dans la ville de
Salaberry-de-Valleyfield au sud-ouest de Montréal. Elle est la quatrième enfant
d’une famille de huit dont sept ont vécu.
À Montréal, elle a vécu quelque temps avec des religieuses. Elle les
quitta pour cause de santé. Lorsqu’elle a connu mon père, elle demeurait en
chambre chez un couple. Elle faisait de la couture à la maison pour une entreprise de vêtements
liturgiques. C’est à cette époque qu’elle se procurait une machine à coudre de
la compagnie Singer dont elle se servira pendant plus de cinquante ans. Elle
rencontra mon père dans une salle de cinéma. Ils se marièrent le 29 mai 1954
avec une cérémonie privée à l’Église Saint-Alphonse située dans le quartier
Villeray.
Ma petite enfance
Je suis venue au monde après plus de deux ans de mariage de mes parents.
Je suis l’ainée de deux filles, ma sœur Diane naîtra, le 11 novembre 1959. La
première grossesse de maman se passait très bien. Les complications survinrent
lors de l’accouchement. Je me présentai par le siège, le cordon est sorti avant
moi, je ne pleurais pas puisque je manquais
d’oxygène au cerveau. Maman apprendra environ dix-huit mois plus tard, en
consultant le médecin qui l’avait opérée à l’âge de 23 ans à la colonne
vertébrale, que je suis atteinte de Paralysie
Cérébrale.
Ce médecin recommandait à ma mère de consulter le docteur Gaétan Nolin pédiatre
à l’hôpital Sainte Justine. Alors commençaient pour moi, les traitements de physiothérapie,
d’ergothérapie et d’orthophonie. Deux à trois matins par semaine une
camionnette grise de la société des enfants infirmes, nommée ainsi à l’époque, venait
me chercher à la maison et m’emmenait à l’hôpital Sainte Justine pour que je
reçoive ces traitements si précieux au développement de mes capacités
physiques. La paralysie Cérébrale
occasionne chez moi, la nécessité d’utiliser un fauteuil roulant, de
l’incoordination des membres supérieurs ainsi que des difficultés d’élocution.
La durée de tous ces soins ne meublant pas l’avant-midi en entier, entre les
séances de traitements j’allais en classe maternelle de la place. Et c’est en
fin d’avant-midi, lorsque tous les enfants avaient terminé de recevoir leurs
traitement que le chauffeur de la camionnette grise nous ramenait à la maison. Je fréquentais cet endroit jusqu’à mon entrée
à l’école Victor Doré, établissement scolaire pour les enfants lourdement handicapés.
L’école Victor-Doré
J’avais sept ans moins quelques jours lorsque j’entrais à l’école Victor
Doré. A cette époque, après la période des vacances estivales, les classes
reprenaient dans les jours suivants la fête de travail, le premier lundi de
septembre. Mon anniversaire de naissance est le 15 septembre.
Dès les premiers jours de mon arrivée à l’école on me classait en
première année B où le rythme d’apprentissage s’adaptait plus à mes limites
physiques, puisque pour apprendre à former les lettres il faut une certaine
habilité manuelle que je ne possédais pas et que je ne possède toujours pas
aujourd’hui dû au type de paralysie cérébrale que j’ai. Si la calligraphie des
lettres de l’alphabet était difficile, au point que lorsque l’enseignante
écrivait « vu » lors de la correction des dictées. Puisque l’enseignante
n’arrivait pas à déchiffrer ce que j’avais écrit, L’apprentissage des
mathématiques fut plus simple. C’était moins ardu pour moi d’écrire des
chiffres que des lettres. Ceci a sûrement contribué à me faire développer mon
amour des mathématiques. Évidemment à mesure que j’avançais les calculs se
complexifiaient, L’enseignante me suggérait d’inscrire, dans mon cahier, uniquement
la réponse aux opérations mathématiques qu’elle inscrivait au tableau. J’ai
développé des capacités en calcul mental.
En arrivant en quatrième année, suite à un test d’écriture dans le but
vérifier mes difficultés à calligraphier les lettres de l’alphabet que les
responsables de l’école décidèrent de me passer une dactylo Smith Corona avec
un protège touches pour mes travaux dans la classe. Un protège touches est un
morceau de plastique avec des trous pour chaque touche permettant à mes doigts
de frapper une seule touche à la fois. Tout au long de ma vie, cet objet sera
un outil de travail important pour moi. Au secondaire lors de certaines
activités le midi, je m’inscrivais avec enthousiasme à l’activité dactylo dans
le but de développer plus d’habileté.
J’ai fréquenté cette institution scolaire jusqu’à l’âge de 18 ans. Dans les années qui précédaient le moment de quitter cette école, j’assistais avec d’autres élèves de ma classe à des échanges animée par une travailleuse sociale et une conseillère en orientation dans le but de nous préparer à la sortie de cet établissement, car pour plusieurs des élèves de mon groupe à l’époque pour plusieurs d’entre mous, il n’était pas question de poursuivre des études ni d’aller sur le marché du travail. C’est sans doute pour cette raison que les autorités avaient décidé de maintenir les élèves de 16 à 18 ans à l’école puisqu’aucune autre ressource n’existait ou très peu pour les accueillir.
Après victor doré
J’ai eu 18 ans en septembre 1974, je fréquentais toujours l’école Victor
Doré. La période des fêtes de cette année-là passée, maman décidait qu’il était
venu le temps de faire la demande du chèque d’aide sociale auquel j’avais droit
puisque mon handicape ne me permettait pas d’occuper un emploi. A cette époque,
la loi n’autorisait pas les prestataires de fréquenter un établissement
d’enseignement et de recevoir des prestations.
Donc il était nécessaire que je quitte l’école. J’allais donc
rencontrer la conseillère en orientation afin de demander mon admission pour
travailler dans un atelier protégé.
Entrer dans le monde
adulte
Après la fête de Pâques de cette même année je commençais à travailler à
l’atelier protégé où nous avions fait ma demande. Nous y faisions beaucoup de travaux manuels:
broderie, couture, macramé, décapage de meubles pour les hommes etc. Tout cela
me convenait puisqu’à l’école nous avions plusieurs périodes de travaux manuels
et à la maison je voyais ma mère coudre et tricoter et j’avais déjà développé certaines
habilités dans le tricot au crochet. Puis un jour, tout en travaillant, je m’
aperçois que deux enseignantes venaient donner des cours de français et
de mathématique. Désireuse de continuer d’apprendre, je manifestais le
désir de suivre ces cours. C’est ainsi qu’au mois de septembre suivant,
je passais des tests dans le but d’évaluer mon niveau de connaissance dans ces
deux matières scolaires. Ces examens démontraient que je possédais une septième
année en français et un secondaire 1 en mathématique.
Les premiers mois, j’allais à l’atelier qu’une seule journée par semaine
car il n’y avait pas de place pour moi dans le transport. Jadis, il n’y avait
pas de transport adapté ce sont des
chauffeurs de taxi de la compagnie de Taxi Lasalle qui transportait les gens à
leurs activités, dans les ateliers protégés ou organismes de loisirs. C’est au
printemps 1980, que la commission de transport de la communauté urbaine de
Montréal commençait à offrir un service pour le transport adapté pour les
personnes à mobilité réduite.
Vivre en dehors du
cercle familial
C’est à la suite d’évênements malheureux vécus à l’été 1977 que je
décidais d’aller demeuré dans la maison d’accueil que Soeur Claire Pelletier
ouvrait en septembre 1979 sur la rue Lacombe dans le quartier côte des Neige.
Je connaissais déjà cette religieuse de la communauté de Saint Paul de chartre
pour avoir participer aux voyages qu’elle organisat depuis l’été 1976. Vu que
la maison venait d’ouvrir ses porte j’ai eu la chance de meubler ma chambre
avec ceux au j’avais chez mes parents. C’est aussi dans cette maison que j’ai
commencé à entrer et sortir du bain seul. Il faut dire que la grandeur de la
salle de bain du logement où j’habitais avec mes parents ne me permettait pas d’entrer
avec mon fauteuil roulant. Car c’est debout en me tenant aux murs que j’entrais
pour aller aux toilettes.
C’est par un visiteur venu au foyer que j’ai appris qu’une école
accueillant des adultes handicapés venait d’ouvrir ses portes. Toujours
désireuse d’apprendre d’avantage, je m’y suis inscrite. C’est ainsi qu’au
printemps 1980, j’ai été parmi les premiers étudiants à fréquenter le Centre Champagnat. En allant à cette école jusqu’en
juin 1984 que j’ai obtenu un secondaire V en français et en mathématique.
J’ai demeuré
dans ce foyer jusqu’en octobre 1984, date à laquelle j’emménageais dans mon
premier appartement.
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